Kouchner, Allègre, Védrine ministres de Sarkozy ?
Publié le 14 Mai 2007
Kouchner, Allègre, Védrine ministres de Sarkozy ?
1- aucun n'est élu : pas de compte à rendre à des électeurs, ça rend plus léger...
2- aucun n'est proche de l'un des possibles leader de la gauche dans les années à venir (Royal ou DSK semble-t'il à ce jour). Certains comme Allegre sont même en conflit ouvert.
3- tous auront dépassés l'âge de la retraite en 2012 (Kouchner aura 74 ans, Allègre 76 ans, Vedrine 66 ans)
4- donc, la probabilité pour eux d'être à nouveau ministre (d'avoir le ministère de leur rêve : le Quai d'Orsay pour Kouchner) est faible : c'est le produit des chances d'une victoire de la gauche en 2012 et des chances d'être choisis dans ce cas en dépit de leur âge et de leurs positions dans la gauche.
Esperons que cela ne leur suffira pas pour accepter d'être instrumentalisés par Sarkozy dans sa maneouvre de déstabilisation du PS.
Le 18 mai :
Finalement seul Kouchner a été débauché (les autres peuvent encore espérer une "mission").
Je copie ci-dessous (avec corrections apparentes) mon commentaire à un article de Eolas, blogueur d'habitude plus inspiré, titré "Grotesque François Hollande". Eolas s'y livre à une attaque sevère de l'annonce par Hollande d'une exclusion de Kouchner du PS. Il suffit de lire les nombreux commentaires pour constater que l'attaque d'Eolas a été très diversement appréciée.
"
Il me semble que Maître Eolas ne discute pas tant de l'opportunité de la sanction (correction : exclusion aurait été mieux) mais de son automaticité et de sa forme. Je me permets cependant de revenir sur la première question :
Ne pas sanctionner Kouchner aurait terminé de convaincre qu'en politique les convictions (et la morale) n'ont pas lieu d'être, la fidélité à des engagements ne pèse rien fasse à la quête du pouvoir, l'ambition personnelle.
Même s'il n'a pas de mandat électif (ce qui rend plus léger!) Kouchner s'exprimait jusqu'alors en tant que socialiste (il tapait d'ailleurs sans trop de réserves sur Sarkozy il y a peu). En particulier au cours d'une campagne électorale, on ne peut décider de rejoindre le camp adverse pour le renforcer dans sa quête d'une majorité la plus large possible.
Il ne s'agit pas d'une ouverture annoncée à l'avance (celle qui aurait pu être celle de Bayrou... ou de Ségolène Royal). Nicolas Sarkozy a été élu sur un projet politique nettement marqué à droite, il n'a pas ressenti le besoin de se recentrer dans l'entre deux tours, relisez son discours de Montpellier par exemple. Mais peut-être pense t'on qu'il trahira ses électeurs et gouvernera au centre ? Ou espère t'on qu'il en finira avec le clivage droite-gauche ? Pour ma part je pense qu'on peut le croire quand il dit qu'il fera ce qu'il a promis et que par ailleurs la disparition du clivage droite-gauche serait un danger pour la démocratie.
Des rapprochements peuvent se justifier mais dans la clarté, en tenant compte de la globalité des projets politiques (un ministre est nécessairement solidaire de l'action du gouvernement auquel il appartient, au delà du périmètre de son ministère) et avec l'aval d'électeurs informés au préalable des positions de chacun.
Kouchner étant populaire, les partis (singulièrement le PS en ce moment) impopulaires et Sarkozy dans son état de grâce, son entrée au gouvernement sera certainement appréciée. Le PS a le choix entre s'effacer complètement ou passer pour sectaire.
En choisissant l'exclusion, il est bien évident que le PS va perdre encore quelques plumes pour les législatives (correction : indépendamment de l'exclusion du PS, le but de la manoeuvre est bien d'affaiblir le PS, les plumes sont déjà perdues je crains).
Renoncer à la morale politique pour quelques sièges à l'Assemblée, je ne suis pas prenneur.
Le laisser-faire se serait payé plus tard, bien plus cher, et peut-être pas seulement par le PS.
Hollande aurait certainement pu être plus habile (et respecteux des procédures -il le sera sans doutes au bout du compte en faisant appliquer les procédures prévues par le PS-) mais ce n'est pas le plus important dans cette histoire.
Le choix de Kouchner plutôt que Védrine nous permet d'en savoir plus sur la politique étrangère de Sarkozy puisque les deux socialistes ayant fait l'objet d'une tentative de débauchage pour le poste de ministre des affaires étrangères s'opposent sur la plupart des grands dossiers internationaux. A moins que Kouchner n'ait pas vocation à rester au delà du temps de la manoeuvre de déstabilisation ? (il semblerait que lui même prenne les devants en expliquant déjà qu'il compte sur ses amis -lesquels ?- pour l'alerter en cas de choix gouvernementaux justifiant son départ du gouvernement...)
Il est intéressant de relire ce que disait Kouchner il y a quelques semaines, rapporté dans une dépêche Reuters publiée dans Libération. Il soutenait alors l'appel de Rocard en faveur d'une alliance entre le PS et l'UDF pour battre Sarkozy.
Morceaux choisis :
Je ne suis pas dans une manoeuvre politicienne, je ne l'ai jamais été. Et je n'imagine pas que Michel Rocard y soit, lui qui a plus apporté à la France et aux idées que tous ses détracteurs réunis", explique-t-il.
1- aucun n'est élu : pas de compte à rendre à des électeurs, ça rend plus léger...
2- aucun n'est proche de l'un des possibles leader de la gauche dans les années à venir (Royal ou DSK semble-t'il à ce jour). Certains comme Allegre sont même en conflit ouvert.
3- tous auront dépassés l'âge de la retraite en 2012 (Kouchner aura 74 ans, Allègre 76 ans, Vedrine 66 ans)
4- donc, la probabilité pour eux d'être à nouveau ministre (d'avoir le ministère de leur rêve : le Quai d'Orsay pour Kouchner) est faible : c'est le produit des chances d'une victoire de la gauche en 2012 et des chances d'être choisis dans ce cas en dépit de leur âge et de leurs positions dans la gauche.
Esperons que cela ne leur suffira pas pour accepter d'être instrumentalisés par Sarkozy dans sa maneouvre de déstabilisation du PS.
Le 18 mai :
Finalement seul Kouchner a été débauché (les autres peuvent encore espérer une "mission").
Je copie ci-dessous (avec corrections apparentes) mon commentaire à un article de Eolas, blogueur d'habitude plus inspiré, titré "Grotesque François Hollande". Eolas s'y livre à une attaque sevère de l'annonce par Hollande d'une exclusion de Kouchner du PS. Il suffit de lire les nombreux commentaires pour constater que l'attaque d'Eolas a été très diversement appréciée.
"
Il me semble que Maître Eolas ne discute pas tant de l'opportunité de la sanction (correction : exclusion aurait été mieux) mais de son automaticité et de sa forme. Je me permets cependant de revenir sur la première question :
Ne pas sanctionner Kouchner aurait terminé de convaincre qu'en politique les convictions (et la morale) n'ont pas lieu d'être, la fidélité à des engagements ne pèse rien fasse à la quête du pouvoir, l'ambition personnelle.
Même s'il n'a pas de mandat électif (ce qui rend plus léger!) Kouchner s'exprimait jusqu'alors en tant que socialiste (il tapait d'ailleurs sans trop de réserves sur Sarkozy il y a peu). En particulier au cours d'une campagne électorale, on ne peut décider de rejoindre le camp adverse pour le renforcer dans sa quête d'une majorité la plus large possible.
Il ne s'agit pas d'une ouverture annoncée à l'avance (celle qui aurait pu être celle de Bayrou... ou de Ségolène Royal). Nicolas Sarkozy a été élu sur un projet politique nettement marqué à droite, il n'a pas ressenti le besoin de se recentrer dans l'entre deux tours, relisez son discours de Montpellier par exemple. Mais peut-être pense t'on qu'il trahira ses électeurs et gouvernera au centre ? Ou espère t'on qu'il en finira avec le clivage droite-gauche ? Pour ma part je pense qu'on peut le croire quand il dit qu'il fera ce qu'il a promis et que par ailleurs la disparition du clivage droite-gauche serait un danger pour la démocratie.
Des rapprochements peuvent se justifier mais dans la clarté, en tenant compte de la globalité des projets politiques (un ministre est nécessairement solidaire de l'action du gouvernement auquel il appartient, au delà du périmètre de son ministère) et avec l'aval d'électeurs informés au préalable des positions de chacun.
Kouchner étant populaire, les partis (singulièrement le PS en ce moment) impopulaires et Sarkozy dans son état de grâce, son entrée au gouvernement sera certainement appréciée. Le PS a le choix entre s'effacer complètement ou passer pour sectaire.
En choisissant l'exclusion, il est bien évident que le PS va perdre encore quelques plumes pour les législatives (correction : indépendamment de l'exclusion du PS, le but de la manoeuvre est bien d'affaiblir le PS, les plumes sont déjà perdues je crains).
Renoncer à la morale politique pour quelques sièges à l'Assemblée, je ne suis pas prenneur.
Le laisser-faire se serait payé plus tard, bien plus cher, et peut-être pas seulement par le PS.
Hollande aurait certainement pu être plus habile (et respecteux des procédures -il le sera sans doutes au bout du compte en faisant appliquer les procédures prévues par le PS-) mais ce n'est pas le plus important dans cette histoire.
Le choix de Kouchner plutôt que Védrine nous permet d'en savoir plus sur la politique étrangère de Sarkozy puisque les deux socialistes ayant fait l'objet d'une tentative de débauchage pour le poste de ministre des affaires étrangères s'opposent sur la plupart des grands dossiers internationaux. A moins que Kouchner n'ait pas vocation à rester au delà du temps de la manoeuvre de déstabilisation ? (il semblerait que lui même prenne les devants en expliquant déjà qu'il compte sur ses amis -lesquels ?- pour l'alerter en cas de choix gouvernementaux justifiant son départ du gouvernement...)
Il est intéressant de relire ce que disait Kouchner il y a quelques semaines, rapporté dans une dépêche Reuters publiée dans Libération. Il soutenait alors l'appel de Rocard en faveur d'une alliance entre le PS et l'UDF pour battre Sarkozy.
Morceaux choisis :
Je ne suis pas dans une manoeuvre politicienne, je ne l'ai jamais été. Et je n'imagine pas que Michel Rocard y soit, lui qui a plus apporté à la France et aux idées que tous ses détracteurs réunis", explique-t-il.
"J'ai suffisamment soutenu Ségolène Royal et travaillé avec elle pour savoir qu'elle peut orchestrer calmement cette indispensable mutation", poursuit-il.
"Je sais que les alliances ne se noueront qu'après le premier tour. Ce n'est pas ajouter à la confusion que de revenir dès aujourd'hui à l'essentiel, et de préférer aux calculs politiciens des convictions que tant d'entre nous partagent", insiste Bernard Kouchner.