Sur la réforme des retraites
Publié le 19 Mai 2010
Ci-dessous une opinion personnelle sur les retraites, pour alimenter le débat.
Guillaume
Les propositions du PS se trouvent ici
Le document d’orientation du gouvernement ici
Le dernier rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) là (vous noterez que le PS et le gouvernement ne mettent pas en avant le même scénario du COR…)
Quelques réflexions sur la réforme des retraites
L’avenir des retraites est sans doute une des questions qui suscite le plus d’inquiétude en France.
L’opacité du système actuel participe de cette inquiétude : personne n’est capable de prévoir, même approximativement, le niveau de sa future retraite et le temps de cotisation nécessaire pour pouvoir en bénéficier. Les jeunes n’imaginent plus percevoir une retraite digne de ce nom. Les plus âgés, comme le personnage joué par Depardieu dans Mammuth, rassemblent difficilement les morceaux de leur carrière afin de faire valoir leurs droits.
A l’époque où le système était équilibré, nombre de personnes décédaient peu d’années après leur départ en retraite. Il faut se réjouir de la hausse spectaculaire de l’espérance de vie depuis lors.
Utiliser intégralement ce progrès pour du temps libre en fin de vie n’est pas la seule option. Le travail n’est pas toujours vécu comme un emprisonnement par nos concitoyens comme le laisse penser un récent tract distribué dans notre ville. Si beaucoup de travailleurs souffrent, la solution est d’abord dans l’amélioration des conditions de travail. En matière de réforme des retraites, rien n’empêche d’être imaginatif et de promouvoir des parcours moins linéaires : années sabbatiques, cessation progressive d’activité avec transmission des savoirs, conditions de travail adaptées à l’âge, cumul emploi-retraite, etc.
Le droit à la retraite à 60 ans doit-il être défendu coûte que coûte ? Oui et non. Il serait inacceptable de repousser le départ en retraites de personnes qui à 60 ans ont déjà la durée de cotisation permettant une retraite à taux plein (41 ans en 2012), certaines ayant commencé à cotiser parfois avant leur majorité. Mieux, il serait normal qu’un ouvrier du bâtiment puisse partir avant ses 60 ans, après un nombre d’années de cotisation également inférieur à la moyenne. D’un autre côté, on pourrait demander (ou fortement inciter par un mécanisme de décôte-surcôte conséquent) un temps de cotisation assez largement supérieur à, par exemple, un chercheur.
Une plus grande différenciation des âges de départ éviterait, par ailleurs, la chute de l’emploi des personnes approchant l'âge légal de départ. Les entreprises rechignent en effet à investir en formation dans ces salariés. La parade consiste à rendre plus coûteux le licenciement de salariés séniors. Mais pour ne pas avoir à supporter ces coûts les entreprises préfèrent ne pas embaucher.
Il est important de mettre en place un système équilibré sur le long terme, compréhensible et équitable. On peut imaginer des retraites construites de manière plus individualisées par le cumul de droits (exprimés en points ou en euros) tout au long de la carrière dans un régime unique, et pouvant être convertis en pensions de retraite en fonction de l’espérance de vie restante, de manière à égaliser les cotisations versées et les pensions touchées au cours de la vie. La mise en œuvre d’un tel système « à la suédoise », en partant de l’imbroglio actuel des régimes de retraites, est difficile. Elle devra s’envisager sur de nombreuses années.
La question du besoin de financement des retraites des « papy boomers » devrait être traitée à part. Ils atteignent l’âge de la retraite souvent en plein forme, au terme de carrières qui leur donnent droit à des pensions relativement généreuses. Les réserves financières nécessaires au financement de leurs retraites n’ont pas été constituées. Les actifs, c’est à dire leurs enfants, moins nombreux et n’ayant pas bénéficié de gains de pouvoirs d’achat importants, ne devraient pas combler seuls ce besoin de financement exceptionnel. Les revenus du capital, souvent détenus par des inactifs, doivent notamment être sollicités. Ces ressources pourraient alimenter le fonds de réserve mis en place par le gouvernement Jospin.
Le premier principe qui devra guider la reforme des retraites est celui de la justice sociale qui impose d’être particulièrement attentif à l’équité entre générations (les actifs ne doivent pas seuls apporter les moyens supplémentaires nécessaires) et au sein de chaque génération (les retraites les plus basses devraient être augmentées tandis que les retraités aisés pourraient contribuer à hauteur de leurs moyens).