Malgré Tchenorbyl, les écologistes sérieux devraient être pro-nucléaires

Publié le 25 Avril 2006

Le nucléaire c'est très dangereux, ça produit des déchets qui durent des centaines de milliers d'années, c'est trop cher, c'est anti-démocratique, etc.

Soit (encore que toutes ces affirmations sont discutables)... mais le fait est que ce ne serait pas sérieux pour la France de se débarasser à moyen terme de sa filière nucléaire (à long ou très long terme ça se discute).

La priorité est de sortir des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) pour réduire la crise climatique et faire face à la fin du pétrole (baisse inexorable de la production à partir de 2030 au plus tard). Pour cela il va falloir baisser fortement notre consommation d'énergie fossile, au moins de moitié.

Au moins avec nos centrales nucléaires on évite pas mal de conso d'énergie fossile et donc d'emissions de CO2, pas tant que ça (peut-être 17% de la conso d'énergie totale) puisque le nuclaire ne permet que la production d'électricité, le secteur du transport par exemple n'est pas vraiment concerné, or il contribue de plus en plus à l'effet de serre. Malgré tout, si on devait se passer de ces 17% il faudrait construire des centrales thermiques polluantes avant de commencer à profiter des efforts d'économie d'énergie nécessaires de toute façon (il faut insister : la meilleure réponse à la crise énergétique est la sobriété, les "néga-watts", le problème est que ça ne suffira pas).

L'énergie hydraulique n'est pas très loin d'être exploité à son maximum en France. L'éolien n'est pas à la hauteur du défi, et est une source d'énergie intermitente qui doit être complété par des centrales thermiques (le nucléaire n'est pas assez flexible). Le solaire est prometteur (le solaire thermique devrait être obligatoire dans les constructions neuves) mais il faudra beaucoup de temps pour arriver à des ordres de grandeur raisonnables.Aujourd'hui les énergies renouvelables sont négligeables dans le mix énergétique mondial. Ça va changer mais il sera absurde de se priver du nucléaire pendant la phase de sortie des énergies fossiles.

Les 20 ans de la catastrophe de Tchenorbyl (le 26 avril 1986) sont l'occasion de revenir sur les dangers bien réels du nucléaire. Mais on oublie vite que les victimes du nucléaire civil sont bien moins nombreuses que ceux du gaz, du pétrole, du charbon ou même de l'hydraulique (les accidents industriels les plus graves en France ont été des ruptures de barrages). Ils sont toujours trop nombreux c'est vrai, mais malheureusement ce n'est pas demain que le photovoltaique et l'éolien (pas de victimes ?) prendront la relève.

Donc gardons le nucléaire au moins le temps de se sevrer du pétrole, du gaz et du charbon, c'est à dire vraisemblablement plus de 25 ans Monsieur Cochet : Yves Cochet, candidat à l'investiture des Verts, qui alerte justement sur les dangers lié au peak-oil (début imminent de la baisse de production de pétrole), prone contre toute logique il me semble la sortie du nucléaire en 25 ans (c'est déjà mieux que de la proposer pour demain comme beaucoup le font), sans doutes pour ne pas s'aliéner les voix des antinucléaires de son parti?

A lire absolument l'article très complet de Jean-Marc Jancovici sur les mérites du nucléaire: "A propos de quelques objections fréquentes sur le nucléaire civil". On y trouve notamment ces chiffres de l'OMS sur la dangerosité de la production d'électricité (morts par GW électrique par an, conditions normales d'exploitation) : Charbon: 1,3 à 17 ; Pétrole: 1,5 à 11,1; Nucléaire: 0,3 à 3.

Sur le site de l'Organisation Mondiale de la Santé on trouve le résumé d'un rapport récent sur les conséquences de Tchernobyl.

Le sort du nucléaire est un enjeu des négociations entre le PS et les Verts : voir cet article du Monde : " [...] Comme exemple du désaccord profond des Verts et du PS, M. Wehrling cite surtout le dossier nucléaire : le PS n'est pas pour la sortie du nucléaire, comme il l'a rappelé, samedi 22 avril à Lyon, alors que les Verts refusent toute poursuite du programme nucléaire. Lors de ces états généraux socialistes, François Hollande avait pourtant tendu plusieurs passerelles en direction du parti écologiste : il a notamment plaidé pour "un modèle de transition énergétique pour arriver à une société sans pétrole".

Nouveau : Toujours sur le site de Jancovici une lettre ouverte aux journalistes à propos du traitement des 20 ans de l'accident de Tchenrnobyl.

Rédigé par Guillaume

Publié dans #Développement durable

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